Quand il était rentré de Suisse, l’autoroute était en chantier. Là-bas, on embauchait, quand il était rentré.
Tous les jours, il était manœuvre sur le chantier. Le soir, il emportait les matériaux – les restes – les morceaux qui ne serviraient plus.
Dans la remise, au milieu du fatras, j’ai trouvé le panneau : ATTENTION, RAINURAGE.
Au milieu des cageots, des bougies de carburateur, des cordes et d’un pommeau de boîte de vitesses, au milieu des tuyaux, des paniers, des embouts isolants, des pieux et piquets, barbelés, jerricanes, barriques et demi-barriques… À côté du tracteur, au milieu du fatras : ATTENTION, RAINURAGE.
Alors, à mes yeux, attention, rainurage.
À mes yeux, abstraction végétale.
Et le sillon ne descend pas, à mes yeux. Le sillon ne monte pas non plus.
À mes yeux, il n’y a plus de points cardinaux.
Sur les flancs du coteau, le tracé des révolutions. Mais comme le sillon vertical, comme si elles avaient été tracées à la scie circulaire.
À mes yeux, tout se ressemble.
À mes yeux, tout se rassemble.
Lui est absent.
Pour l’heure, il est absent.
Mais il est venu de ce bord infertile.
Il a tracé le chemin non parallèle.
Il s’est glissé de l’autre côté du monde.
(Prochain rendez-vous le 28 juin dans La Cité.)
image: Sandro Santoro
texte: Filippo Zanghì
Bravissimo Sandro !!!! Sei fantastico !
Che esperienza, che forza ! Bravo !
A presto spero !!!!